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Clarisse Miré Manel Louis Jo au Nordeste
14 décembre 2016

J4 à Galinhos kitesurf et canapé

 

P1090780Lent lever. Café da Manha exemplaire brésilien. Mais maintenant je ne vous dis plus tout ce menu (voir plus haut). Même la goyave est bonne, sans compter le jus d’abacaci (dire abacachi, en fait c’est de l’ananas mélangé à autre chose), qui glisse si bien. On a les œufs au plat à l’arrière de la table. L’hôtesse, Senhora Dalva prend soin de nous entre deux coups de rouleau de peinture jaune canari sur un beau mur de la salle près de la mer.C’est la seule salle à avoir des vitres aux fenêtres. Dans notre chambre aux cloisons arrondies, il y a des persiennes réglables, pour favoriser l’effet du vent alizé.
P1090791P1090786Clarisse navigue la première sur son kite, dans les vagues naissantes à cette heure où le vent se lève progressivement. Pour une fraîche pratiquante, bravo, décontraction, virage, passage de vagues. Ensuite, Louis-Jo apparaît encore plus pro. Ils s’éloignent, se rapprochent, , puis repartent sous le vent de la plage, à la recherche de meilleures glisses.

 

 

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Pendant deux heures, à terre Miré et moi suivons deux programmes : elle pose pout une photo de Miré dans chacun des transats, sofas, canapés, fauteuil poire ou balancelles-hamac de la terrasse vers la mer. Il y en a au moins dix ou douze. Et pour moi, mettre en ordre le blog que vous lisez. Ce qui demande attention. Puis ils reviennent, fatigués mais contents, convenant que maintenant le vent a des rafales, et les vagues ont forci. La séance quotidienne est suffisante pour une première mise à l’eau dans ce spot. Dans le kite surf, comme souvent, c’est important d’en faire, mais encore plus de communiquer, partager, parler de matériel, de technique, de l’habileté de la pratiquante, de l’état de la mer, son évolution, la qualité du spot, la qualité comparée des autres spots, suivant les autres pratiquants présents ou passés. Bref, c’est vivre, et cheminer vers le Royaume, et c’est compliqué.

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Dans le calme de la matinée qui s’avance, notre Senhora Dalva nous a préparé un repas de poisson frais, qui nous attend sur la nappe bien colorée. Les napperons de dentelle interdisent aux mouches l’accès aux verres et aux carafes. D’ailleurs, il n’y a pas de mouches, mais c’est si joli, avec les pampilles en verre teinté, qui retombent autour du verre. En toute chose, Senhora Dalva nous séduit par sa classe, même en peintre en bâtiment, deux petites taches de jaune sur sa pommette droite, elle qui est aussi artiste. Encore un récit de menu, donc. Cela doit être bien primordial pour ce voyage.

Nous parlons ensemble des uns et des autres, prenons une vague (pas de l’océan) leçon de portugais. Je veux dire que la leçon n’est ni formelle, ni scolaire, ni longue, ni studieuse, tout en gardant une efficacité. C'est la leçon commune numéro quatre de portugais, avec « je voudrais » et « je veux ». Le résultat n’est ni convaincant, ni nul.

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Ensuite, un essai de repos dans le vent, maintenant fort. Pas vraiment concluant non plus. Le hamac en macramé mahousse ; armature en fer à béton, et matelotage en polypropylène bien épais, se balancent seuls dans l’alizé. C’est surprenant pour l’oreille interne, et bruyant pour l'autre oreille, l'externe

P1090849Il faudra s’y habituer.

 

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P1090866Marche à pied au long de la plage (et non longe côte, vu la brutalité des vagues jusqu’à la balise de la petite pointe sablonneuse voisine. Deux voiliers de pêche à l’ancienne, gréement bois haubanné maison, (c'est à dire avec du bout en polypropylène non recommandé sous nos cieux, et pas un brin d'acier) déboulent vent arrière dans les vagues. L’équipier saute à terre juste avant l’impact de la quille sur le sable. Aussitôt, aidés du prompt renfort de cinq paires de bras opportunément présents, la vague suivante plus un coup de reine vigoureux propulsent la périssoire en lieu plus sûr, au-dessus de la marée haute. Des badauds lorgnent la pêche : deux énormes raies sont posées sur l’étambot. Leur envergure dépasse le bateau, comme un sommier sanglé sur le toit d’une voiture. J’essaye de soulever la plus petite : que nenni, elle doit peser cinquante kilos. Le pêcheur affûte d’ailleurs son couteau sur un bois et silice d’une pincée de sable. Il entame la découpe du premier filet, côté gauche de l’autre raie. Sa lame s’enfonce jusquà la garde pour découper l’articulation de l’épaule. Il faut plusieurs découpes de plus en plus profondes pour séparer le filet de la colonne vertébrale. Pour soulever ce morceau de chair, il pratique, au couteau, une échancrure qui sert ni plus ni moins de poignée pour l’agripper commodément.

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Plus loin, nous atteignons la balise. Il semble risqué de la ontourner, même avec de l’eau jusqu’aux chevilles. On dirait la Moisie de l’Iroise en tempête dans un verre d’eau. L’écume rejaillit et l’enveloppe presque jusqu’au haut. Nous nous baignons dans une piscine naturelle, genre de petite baïne, pas trop confiants de ne pas voir nos pieds dans un sable plutôt mou, avec quelques herbes folles pour caresser vos pieds. Cela surprend. Puis nous revenons vers le village. La marche reprend en sens inverse, en remontant le vent, les jambes piquées par les grains de sable soulevés par l’alizé, dès que le sable sèche. 
Le soleil commence à baisser. L’animation du petit port aussi. Nous admirons les figures des kite surfeurs brésiliens. Ils combinent le jeu avec la crête des vagues, et la vitesse donnée par l’aile à laquelle ils se suspendent. Les ombres s’allongent, l’herbe devient violette (ah non pardon, je dérive là du côté Alpilles. C’est trop au vent à l’Est, vers la Chèvre de monsieur Seguin, au-delà du Pot au Noir et de l’Anticyclone des Açores. Pas de chèvre ici, seulement des chats, et des chiens. Ils rôdent autour de l’arête de la raie dépecée et flairent sa chair, sans vraiment y toucher.

Toute cette marche nous a éprouvés, surtout le retour contre le vent. La douche est bienvenue. Le soleil se couche vite, il est pourtant tôt. Nous retournons à travers les rues ensablées du hameau jusqu’à l’embarcadère, où nous trouvons un bar sympa, pour nous désaltérer. C’est lent, il n’y a que nous. C’est fatigant de lenteur.

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Un autre carré de rues et nous aurons à peu près visité les ressources commerciales de l’endroit : des Galeries Lafayette de 8 mètres de long, à trois pas les unes des autres. La nuit, tous les chats ne sont pas gris. On en voit des tigrés, des siamois, et des tachetés. Mais contrairement à la chanson, il n’y a pas de rats, ni d’éléphants « Des chats, des rats, des éléphants, ce sera la prochaine fois. Le seul nouvel animal du jour est un paon, en portugais cela fait plutôt pô, mais pas pan. Pour le coup, ce n’est pas étonnant que ce mot de vocabulaire explose. Mais le paon a survécu à ce dernier coup, et gageons que le lundi matin, il sera toujours vivant. Et pan ! Ce gallinacé de Galinhos n’a rien à voir avec la CGT pour autant.

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La nuit sur la lagune est belle. La pleine lune est ronde, et provoque les vives eaux de la marée poussée par les vagues poussées elles-mêmes par l’alizé, qui lèchent les fondations des auvents porte-hamacs dans les constructions de bord d’océan.

Notre objectif de voyage, c’est d’être ensemble sur le chemin du Royaume. L’avons-nous atteint ? C’est l’examen de conscience du soir. Nous évoquons nos craintes pour les jeunes esseulées la nuit dans Recife, à des arrêts de bus connus pour leur insécurité.

P1090953La ligne des lumières sur l’horizon, c’est le feu de hunier de bateaux de pêche, à l’ancre dans le courant qui contourne cette corne de l’Amérique du Sud, où les eaux semblent si poissonneuses (enfin, je crois). D'autres disent que c'est des feux sur des éoliennes. Comment savoir, le soir, sur l'Atlantique. Seule le plage le sait, et encore. Déjà je divague, et ce n'est que le quatrième jour !

Rencontres : sans doute, la classe de madame Dalva domine la journée. Elle peint les murs, les toiles, brode les motifs des napperons anti-mouche, organise les déjeuners et les excursions, toujours dans la sérénité. Le serveur du restaurant Oasis, touchant avec ses trois mots français, et la sophistication de son service.

 

 

 

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